Accéder au contenu principal

SWED ONER




L’entretien se déroule à Uzès dans le bel atelier galerie à l’enseigne RH qui signifie «raisonnable et humain» au milieu de quelques une de ses Oeuvres sur toile. Je l’accompagnerai ensuite sur le lieu de la fresque en cours, sous le préau de l’école primaire, ou il reprendra son travail un moment interrompu .
Mon nom d’état civil est Mathieu Taupenas, mon nom d’artiste est Swed Oner, je suis agé de tout juste trente trois ans.

Un adolescent skateur et graffeur à Uzès.
J’ai abordé le graffiti dans les années 1995 1996 grâce à mon frère aîné, plus âgé de six ans que moi, qui était au Lycée à Nîmes et avait rencontré des graffeurs. Pour lui la passion n’a duré que quelques mois, alors que moi elle m’a attrapé et ne m’a plus quitté.

J’avais 14 ans à Uzès, petite ville de huit mille habitants. Je skatais, je passais le plus clair de mon temps dehors et Je taguais les portes des rues, mon collège et tous mes cahiers. Je n’avais pas de bombes à ce moment là, c’était au marqueur, des Conté que j‘arrivais à récupérer à droite à gauche.

Je n’avais pas encore un blaze bien défini, je taguais «Save», J’ai fait quelques graffitis à ce moment là, mais comme, nous n’avions pas de  vraies bombes, nous avons volé des bombes de carrosserie dans une petite quincaillerie. Mon pote s’est fait arrêter, moi j’étais parti avant..

On peignait dans le site désaffecté d’une grande enseigne commerciale, intérieur comme extérieur. Nous allions skater là bas. Il y avait déjà pas mal de jolis graffitis de gens qui étaient passés par là. Je pense à Oper et Oqus. Ce dernier qui est pus vieux que moi est toujours sur Uzès et graffe encore.

Le skate et le graff sont des délires de gamin, mais les passions que l’on connaît jeune, restent bien ancrées en soi. A cette époque là, j’ai fait ça mais je n’ai pas eu les moyens d’aller jusqu’au bout. J’étais passionné. J’avais ce côté qui me poussait à faire des bêtises, mais ce n’était pas ma nature, je n’étais pas un vandale. J’étais fasciné par les artistes qui se posaient et réalisaient de grandes fresques avec des couleurs, du lettrage enchevêtré, des décors, des perso. Des trucs de dingue et ça je n’ai jamais eu les moyens de le faire jusqu’à vingt, vingt et un ans.

Parallèlement à ça j’ai perfectionné le dessin, Je caricaturai mes potes, mes profs pendant les cours J’ai travaillé mon trait, appris le dessin tout seul dans coin et ça jusqu’à vingt deux ou vingt trois ans.

Entrée dans la vie active, la passion s’endort.
J’avais fini mes études et après, plus rien pendant six ou sept ans.

Quand j’ai connu le graffiti c’était honteux, je le cachais à mes parents. A aucun moment je n’ai pensé que j’allais en faire ma profession et ma vie, C’était simplement une passion de môme dont je pensais qu’elle ne permettait pas de gagner sa vie. Une fois entré dans la vie active, la vie en couple et l’ activité professionnelle m’ont complètement accaparés.

Pendant mes études d’opticien à Montpellier, j’ai rencontré un réunionnais qui taguait et qui graffait. Ça m’a fait une piqûre de rappel, mais pas plus. Je me contentais de griffonner sur des coins de feuilles sans plus. Je suis devenu opticien et j’ai travaillé pendant six ou sept ans à Nîmes.

C’est pendant cette période que j’ai rencontré un graffeur de Nîmes et qui organisait des ateliers graffiti dans des foyers, destinés à des jeunes et des adultes en difficulté. Je me suis rendu à un de ses ateliers et là révélation, re-révélation plutôt. Il y avait des bombes du matériel, il me donnait des conseils. Je me suis dit, qu’est ce qui m’empêche ? je gagne ma vie, j’ai de l’argent, je peux m’acheter des sprays.

Première rencontre, la passion se réveille
A partir de ce moment, j’achète des sprays et je passe tout mon temps libre à peindre seul. Je vais à Rochefort du Gard, ou, dans la pampa il y a un dessous d’autoroute, des grands murs, j’y peins tous les week-end end. Ensuite je vais à droite , à gauche, je rencontre des gens sur facebook, je commence à peindre des casquettes. Je découvrais les spots, l’ancien hôpital du Grau du Roi,entre autres. Je commence à rencontrer la scène de Montpellier, celle des villages. Je n’arrêtais pas. Je participais à différents événements. A ce moment là je faisais essentiellement du lettrage, mon blaze : Swed. Je suis allé peindre à Paris, en Italie, en Espagne, en Suisse. A chaque voyage, j’amenais mes sprays et j’essayais de trouver un spot entre vandale et terrain.




A Barcelone, j’ai rencontré deux jeunes anglais au shop Montana. Nous nous sommes retrouvés sur le mur d’enceinte d’un stade presque au centre ville.On a peint pendant deux heures. La bac espagnole est arrivée, des hommes en civil, avec de grosses plaques en métal en pendentif, style hollywoodien, mais ils ne plaisantaient pas du tout. L’affaire s’est plutôt bien finie puisque qu’on n’est pas allé au poste, mais ils nous ont pris tout notre matériel.




Pendant deux ans 2013 2014 je bouge, je rencontre d’autres graffeurs de la scène du sud de la France et j’établis des connexions : Safe Isma Nesa, Djise (aujourd’hui décédé) Iva, Frédéric Montandon qui est un photographe qui nous suit. Je participe à des événements, je pense au Belfort Bombing art, à l’Expo de Ouf à Nimes....



Parallèlement à ça, Je graffe des skates, je peins des casquettes, j’essais de développer un style. Les casquettes font partie de mon parcours. C’était des commandes reçues par les réseaux sociaux. Ça fonctionnait bien. Parallèlement à mon job d’opticien et alors que j’étais toujours amateur, c’est la première chose qui m’a permis de gagner un peu d’argent. Un jour j’ai fait le portrait de du rappeur Demi Portion sur une casquette.

Des rencontres déterminantes
En allant graffer à Paris, au frigo et sur le grand mur de République, j’ai rencontré 93Sheed16, un monument du graffiti underground parisien. Je le contactais par facebook quand je montais à Paris, je le retrouvais à République et nous allions peindre ensemble. Ça se passe bien, on discute et un peu plus tard il me propose d’entrer à MKC, qui dans les années 1990 était un crew emblématique du tag et graffiti vandale parisien. Cette intégration à un Crew,(terme d’argot de Banlieue pour un groupe de rap ou une collectivité de graffeurs) me permet d’établir de nombreuses autres connexions.

Un autre tournant est la rencontre avec Nose. Originaire du sud, il a longtemps été sur Paris. Membre du crew 132, il est postérieurement à 93sheet16, la référence de toute une génération de graffeurs. La rencontre a été fortuite, Il est venu vers moi alors que j’animais un atelier pour enfant dans le cadre d’un festival à Uzès. J’avais le pantalon plein de peinture et les doigts maculés.On décide de boire un café ensemble, on discute le courant passe bien.

Ensuite je rencontre Dire, qui lui, fait du portrait. Ensemble, Nose, Dire et moi, allons peindre au cour Julien à Marseille, ensuite au château de Boisseron.


C’est là que à la fin d’une journée de travail et voyant Dire poser des portraits à main levé sur le mur avec une facilité déconcertante que je me suis dit, ça n’a pas l’air si compliqué, je vais essayer.


J’avais travaillé à ma fresque toute la journée. J’ai trouvé, sur google, avec mon téléphone,une photo du visage de trois quart d’un sud américain et je me suis lancé. C’est ce jour là que j’ai posé mon premier «perso» sur un mur. Je l’ai exécuté assez rapidement à main levée. J’ai trouvé que le résultat n’était pas mauvais.Les portraits et les visages ça m’a toujours plu, surtout dans le graffiti. Je m’étais toujours demandé comment on fait ci ou ça. Et là le 3 juin 2016 j’étais assez satisfait de mon premier portrait.

Le portrait, une révélation

J’étais arrivé à un moment ou je n’étais pas très content de mes lettrages Je suis exigeant avec moi-même et là je venais de faire quelque chose qui ne me déplaisait pas, Ça faisait deux ans que je faisais du lettrage, j‘avais progressé mais je plafonnais, j’y prenais plaisir, mais sans plus, j’avais envie d’autre chose.

De là je pars et je ne fais plus que ça. Je commence à travailler le portrait, sur casquettes, sur murs, sur toiles.



La toile n’était pas une nouveauté pour moi. Je retravaillais des BD, des vieux tableaux que je chinais, sur lesquels je changeais les visages. Je m’amusais, j’apprenais la technique, les poscas, les pinceaux...J’ai fait quelques expositions et surtout j’allais les mois d’été, sur le marché d’Uzés, place aux herbes, tous les premiers dimanche du mois. Je montais un stand avec grilles et tréteaux et je mettais en vente mes casquettes et mes toiles. C’est là que j’ai vendu ma première toile à une jeune femme dont le père était collectionneur d’art. J’étais très flatté.


Pour revenir au street art, nous étions toute une bande à faire du lettrage et on est très content quand il y en a un qui fait du portrait, parce qu’on peut le mettre entre deux lettrages. Le portrait apporte quelque chose de plus dans le travail en collaboration entre artistes.


Dans le Verdanson pour la cousinade 2017


J’ai été invité par Kenz, l’organisateur, à la cousinade 2017 à réaliser une grande fresque dans le Verdanson.. Nous étions une équipe de 12 sur la bande, à travailler sur un visuel commun avec un thème et un code couleur. Ily avait Asem, Slate, Noze, Stylo, CabriI, Nègre, Kolfer.

Ça a été un super moment, le samedi grand beau, du monde partout et le dimanche, pluie et vent. Ça a été la première et la seule fois ou je suis allé dans le Verdanson.



J’ai commencé en peignant des personnalités icôniques, des gens célèbres, en récupérant des tofs (photos) sur internet. J’ai réalisé une série sur les enfants que j’ai intitulée «Enfants du destin". Ce sont des visages que je chinais sur internet, qui me plaisaient et m’inspiraient et que j’avais envie de faire ressortir.


Une fois que j’ai eu fait le tour de ça, un événement m’a décidé à travailler à partir de mes propres photos. J’ai réalisé en 2017, à Sète en marge du K live le portrait d’un marin avec une bonne gueule,à partir d’une photo trouvée sur internet. Quelques semaines après je suis tombé sur la photo d’une grande façade réalisée par un groupe de graffeurs des pays du nord qui utilisait le même visuel. J’ai alors pris conscience que ça n’a aucun intérêt. C’est même bidon de se retrouver avec la même photo qui tourne sur les réseaux sociaux.




Une nouvelle étape utiliser des clichés personnels

Parallèlement à ça j’organise à Uzès un festival de Street art et musique électronique, arts urbains auquel j’invite mes potes et des gens que apprécie. Bruno Dire, Pirate, un graffeur nîmois très doué qui fait du portrait réaliste, Isma Iea et Madame qui fait du collage, enfin toutes les facettes du street art. J’ai connu Madame (Moustache), parce que je lui ai succédé sur le mur de Pérols. C’est elle qui m’a conseillé de travailler sur mes propres photos. A partir de ce moment là j’ai décidé de prendre un appareil photo quand je me promène et que je voyage et de prendre des clichés de gens qui intéressent;.


L’utilisation de mes propres photos est une nouvelle étape dans mon travail. J’ai voyagé au Pérou ou j’ai pris pas mal de portraits de femmes de rue, de mendiantes ou de vendeuses à la sauvette avec des gueules comme je les aime, bien burinées, parfois fracassées avec des regards profonds et expressifs.



La beauté n’a rien à voir avec des canons préconçus. Je me suis aperçu en peignant sur les murs des personnages comme ça que les gens qui passent disent ouaou c’est beau alors que si on leur demandait de choisir entre quatre photos, dans 90% des cas ils iraient vers le top modèle. Nous avons des critères de beauté qui sont posés par la société et appris. Là, pour quelque chose qui n’est pas considéré comme beau, la plupart des gens disent que c’est beau. Mon plaisir c’est de rendre beau ce qui au départ n’était pas considéré comme beau. Ma fierté c’est de faire percevoir l’humanité de mes modèles.



Derrière chaque photo il y a une petite histoire. Il n’est pas toujours facile, surtout en pays étranger, quand tu ne connais pas très bien la langue, de faire comprendre sa démarche, d’expliquer que tu es un artiste et que tu voudrais prendre une photo. Au Pérou, il y a des histoires très drôles. Parfois on se fait jeter parce que ça ne leur plaît pas forcément. Mon espagnol n’est pas de bon niveau, ce n’est pas facile de s’expliquer. On arrive parfois à des situations ou on est mal à l’aise, d’autres fois ça se passe très bien.


Ce qui est drôle c’est quand je leur montre la photo, il y a des réactions, des éclats de rire. Je leur disais tu es magnifique. La plupart étaient flattés. J’aime voir l’être humain qu’il y a derrière chaque personne. Au départ je n’en avais pas conscience. C’est dans le regard des gens que j’ai pris conscience de ça.

A Sète, j’ai peint Vincent, un Monsieur de 82 ans, immigré italien. Il habite la rue de Tunis, c’est une figure du quartier que m’ont fait connaître J. et P. Tout le monde le connaît, il promène son chien quatre fois par jour et fume le cigare. Nous sommes allé sonner chez lui. Il y avait sa femme, son chien surexcité. On rigole, on se raconte nos vies. Lui, Arrivé en France pour passer quinze jours, a rencontré la femme de sa vie et du coup a passé toute son existence à Sète.



On m’avait conseillé de prendre contact avec J et P qui habitent rue de Tunis depuis 15 ans et sont très actifs dans la vie du quartier. La rue de Tunis est une rue ou il y a pas mal de graffs; On y voit Maye et Bault entre autres. Nous partons à la recherche de la surface à peindre. Et anecdote, très drôle,dans l’anecdote on tombe sur un portail sur lequel il y a un vieux tag vandale à moi. On l’avait fait avec des potes un jour ou nous étions venus voir un concert de Demi Portion au théâtre de Sète. Nous avions un peu bu, nous avions des bombes. L’histoire s’est terminée à quatre heures du matin, menottés, au commissariat, Nous nous étions fait arrêter par la bac et l’histoire s’est soldée par 350 € d’amande. C’est là que j’ai définitivement compris que je ne suis pas un vandale.

Ce portail était magnifique, C’est là que je voulais peindre. C’est une longue histoire que je bouclais. Je prends donc une photo de Vincent, le lendemain matin je suis devant le portail, je peins deux jours, il passe voir et nous sommes tous les deux très émus.


Ensuite j'ai réalisé une commande pour la mairie d’Uzès pour réhabiliter et moderniser le preau de l’école Jean Massé qui était assez morne et triste. Afin de travailler sur le côté humaniste et égalité, j’ai décidé de représenter cinq enfants, issus des cinq continents. Bien entendu pour ce travail, je ne disposais pas de clichés personnels, je les ai donc trouvés sur le net.



Un peu de technique


Quelle que soit la dimension du mûr je travaille soit à main levée, soit avec un quadrillage. Le SDF que j’ai peint au Grau du roi en collaboration avec Castro, à partir d’une photo prise par un pote, a été dessiné directement à main levée. J’en ai fait beaucoup comme ça. Dans un soucis d’esthétisme et pour avoir un rendu parfait, je fais un petit quadrillage. Ça permet d’avoir tout de suite les proportions, les grandes lignes du personnage donc de gagner du temps et de commencer rapidement la peinture.




Je ne travaille que en noir et blanc, c’est la base de mes portraits. Je n’utilise pas les nuances de gris. Je ne sais pas pourquoi j’en suis arrivé à travailler comme ça. Je regardais beaucoup de photos en noir et blanc, particulièrement celles de Lee Jeffries, qui a comme moi une prédilection pour les gueules cassées. Je trouvais que c’était très très beau au niveau impact visuel. C’est comme ça que je me suis mis au noir et blanc.



J’ajoute souvent, mais pas toujours une touche de couleur sur le fond ou sur l’auréole. Je travaille le thème de l’auréole pour souligner le portrait. Quand j’étais enfant j’ai été scolarisé dans une école primaire catholique, l’école Sainte Anne avec un enseignement religieux. Bien que n’étant pas baptisé et pas croyant cette éducation m’a beaucoup marqué.

Certains ont cru remarquer que je poussais le soucis du détail jusqu’à représenter le reflet du paysage dans la pupille de mon personnage. En fait c’est le hasard, une interprétation. Cependant sur toutes les photos de personnes, prises au Pérou, mon reflet est forcément dans la pupille du modèle.Quand je les peint je représente donc ma silhouette entrain de prendre la photo dans leur œil.

Un festival à Uzès

Cela faisait longtemps que j’étais tenté par l’organisation d’un événement à Uzès. Je me suis associé avec deux anciens amis de lycée M et J qui sont DJ et deux amis plus jeunes Let C pour monter le festival CICADA, cigale en latin, pour marquer l’arrivé des beaux jours, l’arrivée de l’été. Il associe graff et électro. On l’a monté pour la première fois dans la précipitation en 2017. Pour ce qui me concerne je voulais amener ma culture et la faire connaître.


La partie street art se déroule aux jardins de l’évêché. Lors de la première édition les artistes ont travaillé sur de gros cubes en contre plaqué de trois mètres sur trois. Comme c’est moi qui suis en charge du volet street art, je sais ce qui fait plaisir aux artistes.

La nouveauté de cette année (2018) c’est qu’on va avoir de vrais façades des murs et de très grands artistes. Je n’en dis pas plus pour garder la surprise..

J’aurais rêvé, enfant avoir ça sur Uzès. J’espère que ça va susciter des vocations. J’espère également que ça va intéresser les plus jeunes, mais aussi les plus vieux au graffiti. Qu’ils comprennent que la part vandale qui les met en fureur le matin quand ils découvrent un tag sur le portail de leur garage qu’ils viennent juste de repeindre est la base et la genèse de la culture street art.

Vivre de son art

J’ai arrêté mon travail salarié il y a quatre ou cinq ans, pas pour faire ce que je fais mais pour des raisons personnelles. Raz le bol de bosser, mais surtout je voulais pouvoir consacrer tout mon temps à ma petite fille tout en rénovant la maison que nous venions d’acheter avec ma conjointe. Je suis en quelque sorte devenu, homme au foyer.

Du coup j’ai eu plus de temps pour développer ma peinture et mon art, ce n’étais pas encore dans l’idée d’en vivre. J’ai fait quelques expositions et vendu quelques toiles, j’ai développé les casquettes.J’ai continué à graffer lors de mes voyages et déplacements.

Des événements familiaux, maladies et autres m’ont fait réfléchir à la vie. Pourquoi travailler quarante ans, jusqu’à la retraite, tomber malade, ne pas aimer sa vie au moment ou on devrait l’aimer. Tous les jours je veux me lever et avoir la patate, faire ce que j’ai envie de faire.

Je me suis dit, ça passe, ça passe ; ça passe pas, ça passe pas, mais je donne tout pour réussir. C’était ça ma démarche ; grande motivation, grosse détermination, peu importe les bâtons, les portes fermées, je les ouvrirai, je les enfoncerai. Il y en a d’autres qui réussissent, pourquoi pas moi ? Je fonce !

Ça n’a pas été facile. J’ai du reprendre un emploi salarié dans l’optique pendant deux mois, début 2017, parce que financièrement c’était compliqué. Ça s’est plutôt mal passé. A voir ce qu’il fallait faire pour gagner sa vie, j’ai été reboosté à bloc et ces deux mois m’ont permis de confirmer ma détermination à taper fort dans mon art.

Raisonnable et humain


J’ai ouvert mon atelier le 1er octobre 2016. Avant je travaillais dans une petite chambre que j’avais aménagée dans ma maison. Avant encore, j’étais dans un appartement à Nîmes et je travaillais sur un coin de table. Ensuite j’ai eu l’occasion et la possibilité de prendre ce local, c’est ma vitrine, je l’ai Appelé RH, Raisonnable et Humain.




Avant d’étudier l’optique, je suis allé en fac de pharmacie, ou je n’ai vraiment pas beaucoup bossé. Au début de l’année ils avaient donné une liste de livres de culture générale à lire. Je les ai mis de côté et ressortis deux ans après. Parmi eux il y avait un livre de Axel Khan intitulé Raisonnable et Humain. Ce livre est devenu mon livre de chevet et je le relis régulièrement. Il aborde le sujet de l’humain sous plusieurs angles scientifiques, économique, religieux, tout ce qui fait la société, la connaissance de l’humain...C’est un livre très érudit et très objectif sans leçon ni morale.

Ce livre m’a plu et m’a beaucoup marqué. Je me suis retrouvé à 2000% dans le fait d’être raisonnable et humain. C’est ce que j'essais de mettre en application dans ma vie et dans ma peinture, ma démarche d’artiste.


Je me vois plus comme un peintre de rue que comme un peintre de galerie. J’ai exposé à la galerie Urbaine à Uzès et j’ai quelques toiles à la galerie «jamais sans couleurs» de Nimes. Je vends mes toiles soit à des visiteurs de passage à l’atelier, soit par le biais des réseaux sociaux. Je ne veux pas me précipiter vers les galeries. Le jour ou je vais travailler avec quelqu’un il faudra qu’il me corresponde. Dans le milieu du street art les réseaux et les rencontres sur les événements ont beaucoup d’importance.

Aujourd’hui je préfère bouger et peindre partout, rencontrer du monde, comme je l’ai fait à Sète, des rencontres humaines. Pour les murs je ne recherche pas les endroits ou tout le monde peint. Je repère, je parle, je demande l’autorisation. Au Perou j’ai rencontré un vendeur de bric à brac. Il avait une belle facade, je lui ai montré la photo d’une péruvienne prise à Cuzco, je lui ai demandé, est-ce que vous me confiez votre façade ? je vous la refait. Il m’a dit va y.

A glasgow à Noël, j’ai aussi trouvé une belle facade.


J’ai réalisé la fresque des Kids à l’école jean Massé. Les enfants sont derrière moi quand je peins et viennent me parle.


Ensuite je suis retourné à Marseille pour un projet personnel au cours Julien




Au mois de mars, en résidence d’artiste à Uzès. J'ai peint dans trois petits villages de l’uzège. Je suis allé à la rencontre des gens avec les maires pour trouver des petits papis et des petites mamies qui font l’âme de ces villages de moins de 200 habitants.

Ensuite je vais faire un voyage de quinze jours, trois semaines au Vietnam, Je vais prendre des photos et peindre.

Et nous arrivons au mois de mai avec le festival Cicada qui nous réserve de belles surprises.































Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

ADEC

L'entretien se déroule, par une matinée d'hiver ensoleillée, dans son atelier, encore en chantier,  dans la belle maison rénovée par ses soins d'un village Gard.  Une grande toile représentant des Flamands Roses est en cours d'achèvement. Elle doit être livrée dès le lendemain à Montpellier.  Adrien 33 ans;  Mon blase, ADEC est tout simplement constitué par mes initiales Le cheminement d’un jeune grandi en région parisienne Je suis né a Paris et j’y ai vécu jusqu’à mes vingt ans. J’ai commencé à être attiré par les tags et les graffitis tout autour de chez moi, sur les voies ferrées et sur les trains, vers mes 13 ans, un cousin, plus âgé que moi qui était graffeur et avait créé un site internet, m’amenait avec lui pour pour chasser et photographier les graffitis.dans Paris. Tous les crew, plutôt vandales, nous faisaient rêver. J’ai commencé comme ça parce que c’est ce que je connaissais. Je me suis acheté des marqueurs et j’ai fait ce qu’on appelait d

Ils sont passés par le Verdanson

Mail granierjc@yahoo.fr Instagram @jeanclaudegranier_old_one Le Verdanson Lieu d’expression artistique Le Verdanson est un ruisseau, affluent du Lez, dont le cours de 4km est sur toute sa longueur sur le territoire de la commune de Montpellier. A sec une grande partie de l’année, il devient torrentiel lors des orages et particulièrement des événements cévenols. Compte tenu de son caractère imprévisible pour éviter les débordements destructeurs, son cours a été bétonné, et offre une alternance de zones couvertes et de longs passages à ciel ouverts enserrés entre deux hauts mûrs de béton, pour former un long canal, serpentant à quelques centaines de mètres du centre historique. A la fin des années 1980, cette longue balafre bétonnée n’était pas un atout urbanistique pour Georges Frêche, le Maire d’alors et son adjoint à l’urbanisme, Raymond Dugrand. Ce territoire interlope, aux marges de la ville, tantôt à sec, empuanti, par quelques écoulements nauséabonds, tantôt ple